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Arrêt de la castration chirurgicale des porcs en 2018

Sous la pression des associations de défense du bien-être animal et grâce au concours de la commission européenne, les éleveurs de porcs ont accepté le principe d’arrêter la castration chirurgicale des porcelets nouveau-nés d’ici 2018. Deux solutions sont envisageables : l’élevage de mâles entiers ou l’immunocastration (2 injections d’un vaccin dirigé contre la GnRH, l’Improvac®). Avant de généraliser l’élevage de ce type d’animaux, il est nécessaire de bien les caractériser.

Caractérisation comportementale des porcs mâles entiers et immunocastrés

La comparaison de mâles entiers ou castrés chirurgicalement en période néonatale révèle que le nombre total de comportements agonistiques est augmenté, vers 3 mois d’âge, chez les mâles entiers. Le nombre de lésions corporelles, qui reflète l’intensité des agressions entre porcs, est similaire chez les porcs mâles entiers et castrés vers 3, 4 et 5 mois. Cependant, les comportements les plus délétères pour le bien-être animal, à savoir les combats, sont plus fréquents vers 4-5 mois chez les mâles entiers que chez les castrés. Les mâles entiers sont plus attirés par l’homme, ce qui montrerait qu’ils n’en ont pas peur et est bénéfique à leur bien-être. Par contre, cela pourrait s’avérer dangereux lors de manipulations, bien que nos résultats ne montrent pas d’agressivité plus grande des mâles entiers vis-à-vis de l’homme. Les porcs immunocastrés ont un comportement vis-à-vis de l’homme très proche de celui des mâles entiers, avant ou après la 2nde  injection du vaccin, suggérant un effet d’imprégnation par les hormones sexuelles qui perdure pendant plusieurs semaines. Par contre, le nombre de combats chez les mâles immunocastrés reste élevé avant la 2nde injection, puis diminue pour devenir aussi bas que chez les mâles castrés.

Caractérisation physiologique des porcs mâles entiers et immunocastrés

• Concernant l’axe corticotrope, vers 5 mois d’âge, les concentrations plasmatiques de cortisol, le développement du cortex surrénalien (tissu producteur du cortisol), l’expression d’enzymes catalysant les premières étapes de la stéroïdogenèse et la sécrétion de cortisol en réponse à une stimulation (injection d’ACTH ou de LPS) sont réduits chez les mâles entiers par rapport aux castrés. Tous ces résultats suggèrent une moindre activité du cortex surrénalien en présence des hormones sexuelles. Les résultats obtenus chez les mâles immunocastrés sont très proches de ceux obtenus chez les mâles entiers ou sont intermédiaires entre les mâles entiers et castrés, suggérant à nouveau un effet d’imprégnation par les hormones sexuelles.
• Concernant le système sympathique, les différences entre types de porcs sont moins claires.
• Concernant le système immunitaire, le nombre de lymphocytes circulants à 4 et 5 mois d’âge et le poids du thymus à 5 mois d’âge sont plus élevés chez les mâles entiers que chez les castrés suggérant un rôle positif des hormones sexuelles sur le développement thymique avant la puberté. Ces changements s’accompagnent de l’augmentation de la fréquence d’une des sous populations de lymphocytes T, les Tγδ, dans le sang et le thymus. Les porcs immunocastrés sont généralement intermédiaires entre les porcs entiers et castrés. Ces effets pourraient résulter directement de l’action de la testostérone et de l’oestradiol ou indirectement de leur action via le cortisol et les catécholamines. En effet, nous avons observé l’expression génique des récepteurs de ces quatre médiateurs neuroendocriniens dans les organes lymphoïdes, et montré que le cortisol et la noradrénaline peuvent moduler in vitro la prolifération des thymocytes. Cependant, nous n’avons pas observé d’effet répétable de la castration sur la capacité des lymphocytes à proliférer, sur la teneur en haptoglobine (marqueur de l’inflammation), ni sur l’état sanitaire des animaux vers 5 mois d’âge. De même, la réponse inflammatoire à une injection de LPS, caractérisée par la production de cytokines et les variations du nombre de leucocytes circulants, n’est pas modifiée par la castration ou l’immunocastration.

La caractérisation des porcs mâles entiers et immunocastrés continue avec des mesures concernant leurs paramètres nutritionnels et métaboliques.

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Prunier, A., Brillouët, A., Merlot, E., Meunier-Salaün, M.-C., Tallet, C. (2013). Influence of housing and season on pubertal development, boar taint compounds and skin lesions of male pigs. Animal, 7 (12), 2035-2043. (DOI)

Tallet, C., Brillouët, A., Meunier-Salaün, M.-C., Paulmier, V., Guerin, C., Prunier, A. (2013). Effects of neonatal castration on social behaviour, human–animal relationship and feeding activity in finishing pigs reared in a conventional or an enriched housing. Applied Animal Behaviour Science, 145 (3–4), 70-83. (DOI)

Prunier, A., Leclercq, C., Le Floc'h, N., Merlot, E. (2013). Response of blood hormones and nutrients to stress in male pigs differing by their gonadal status. In: Book of Abstracts of the 64th Annual Meeting of the European Federation of Animal Science (p. 559). EAAP Book Abstracts, 64. Presented at 64th Annual Meeting of the European Federation of Animal Science (EAAP), Nantes, FRA (2013-08-26 - 2013-08-30). Wageningen, NLD : Wageningen Academic Publishers.
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Tallet, C., Claude, S., Guerin, C., Meunier-Salaün, M.-C., Prunier, A. (2013). Conséquences de deux alternatives à la castration des porcs sur leur comportement en isolement et en présence d'un homme non familier. In: 45èmes Journées de la Recherche Porcine (p. 71-72). Journées de la Recherche Porcine, 45. Presented at 45. Journées de la Recherche Porcine, Paris, FRA (2013-02-05 - 2013-02-06). Paris, FRA : IFIP - Institut du Porc.
http://prodinra.inra.fr/record/183071

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Leclercq, C., A. Prunier, F. Thomas, and E. Merlot. (2014). Neonatal surgical castration of male pigs reduces thymic growth but has moderate consequences on thymocytes. Journal of Animal science, 92, 2415-2421. (DOI)

Contact

Armelle Prunier ; équipe physiologie de l’adaptation, nutrition et santé animales (armelle.prunier[at]rennes.inra.fr)