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Améliorer la persistance de la lactation, un enjeu pour les producteurs et les transformateurs

Au cours de la lactation, la production laitière (PL) d’une vache suit une courbe caractéristique. Au début, la PL augmente rapidement pour atteindre un pic, puis elle baisse progressivement avec l’avancée de la lactation. La persistance de la lactation est alors définie comme la vitesse à laquelle la PL d’une vache décline après le pic de lactation et reflète donc la capacité d’une vache à maintenir sa production après ce pic.
Dans le contexte politique, économique, environnemental et sociétal actuel des exploitations laitières, améliorer la persistance de la lactation présente des enjeux importants aussi bien pour les éleveurs que pour la filière de transformation du lait. En effet, cela permettrait aux éleveurs de pratiquer des lactations longues, réduisant ainsi le temps de vie non productive des animaux tout en limitant les périodes de risques pour la santé et la reproduction des femelles que représente par exemple le début de lactation. Cela pourrait également stabiliser la production annuelle de lait en termes de quantité et de qualité.

L’ampleur de l’exfoliation des CEM est-elle un déterminant de la persistance de la lactation ?

Le lait est produit dans la glande mammaire par des cellules spécialisées : les CEM. Celles-ci s’exfolient dans le lait au fur et à mesure de la lactation. De récents travaux ont montré qu’une moindre exfoliation des CEM pourrait expliquer une meilleure persistance de la lactation chez des vaches laitières ovariectomisées et que la prolactine, hormone connue pour entretenir la lactation, aurait un rôle de régulation de l’exfoliation.
Dans ce projet, nous proposons un nouveau critère original et innovant pour caractériser la persistance de la lactation d’une vache : l’estimation de l’exfoliation des CEM par mesure de leur concentration dans le lait. Nous avons, pour cela, développé une méthode pour purifier les CEM à l’aide d’anticorps spécifiques de ces cellules couplés à des billes magnétiques.

Le premier objectif du projet est de caractériser le processus d’exfoliation des CEM dans le lait. Tout d’abord, un suivi de la concentration en CEM dans le lait au cours de la traite sera réalisé. Puis, le rôle de l’ocytocine et de la contraction des cellules myoépithéliales dans le décrochage des CEM de l’épithélium mammaire sera étudié en administrant à des vaches laitières un agent bloquant des récepteurs de l’ocytocine.

Le deuxième objectif sera de tester la pertinence d’utiliser le taux d’exfoliation des CEM comme déterminant de la persistance de la lactation. Pour cela, la persistance de la lactation sera manipulée expérimentalement chez des vaches laitières par inhibition de la sécrétion de la prolactine grâce à un produit pharmacologique ou par restriction alimentaire.

Le but à long terme serait de pouvoir sélectionner génétiquement les individus sur leur taux d’exfoliation afin de disposer de vaches ayant une meilleure persistance et donc adaptées à des lactations longues. Cela pourrait aussi permettre de définir des conduites d’élevage améliorant la persistance de la lactation.

Lucile Hervé travaille sur ce sujet de thèse depuis le 1^er novembre 2014 pour une durée de 3 ans. Elle est encadrée par Hélène Quesnel et Marion Boutinaud de l’équipe physiologie de la lactation et synthèse du lait.

Contacts

Marion Boutinaud : Marion.Boutinaud[at]rennes.inra.fr (encadrante)
Hélène Quesnel : Helene.Quesnel[at]rennes.inra.fr (directrice de thèse)
Lucile Hervé : Lucile.Herve[at]rennes.inra.fr (doctorante)