Modéliser le fonctionnement d’un élevage porcin pour prédire sa durabilité économique et environnementale

Comment les interactions entre structure de l’atelier, conduite d’élevage et fonctionnement biologique des animaux construisent les performances et la durabilité des élevages porcins ?

La durabilité de l’élevage, un enjeu complexe

La société d’aujourd’hui a mis en place des normes de développement durable appliquées à l’échelle planétaire.  
Les éleveurs porcins doivent les respecter et font face à un enjeu de taille : piloter leurs élevages de façon à maintenir (voire améliorer) leur niveau de vie (salaire, temps de travail) mais aussi la durabilité de ces élevages. On entend par durabilité d’un élevage sa capacité à remplir des objectifs de résultats économique (permettre la rentabilité de l’élevage), environnemental (réduction des rejets, des émissions), et social (acceptation par la société, vivabilité du travail de l’éleveur).
Les résultats économiques et environnementaux de l’élevage de porcs dépendent des performances de reproduction et de croissance des animaux, de la conduite et des pratiques adoptées par l’éleveur, de l’organisation et de l’occupation des bâtiments, de la formulation et de la consommation d’aliment, de la santé du troupeau, etc.
Compte-tenu de la complexité du système d’élevage (voir schéma ci-dessous), il n’est pas possible de prédire a priori avec précision l’impact d’un changement de structure, de conduite ou de génétique sur le résultat technico-économique et les impacts environnementaux d’un élevage.
L’Inra et l’Ifip sont engagés depuis de nombreuses années dans des programmes visant à évaluer l’impact des stratégies d’alimentation et de la conduite de l’élevage sur les performances des animaux et les impacts environnementaux associés. Une précédente thèse (Martel, 2008) avait abouti à la conception d’un modèle de fonctionnement de l’atelier naisseur capable de simuler l’impact de différentes pratiques (autour de la détection des chaleurs, de la surveillance des mises bas, de l’adoption des porcelets, etc.) sur les performances techniques et l’organisation du travail.

Dans le cadre du projet Casdar Mogador, l’Ifip et l’Inra se sont donné comme objectif de produire un outil d’aide à la décision capable de simuler l’effet de différentes structures d’atelier, pratiques d’élevage, et caractéristiques biologiques, sur les performances technico-économiques et les impacts environnementaux de l’élevage. Ce projet a conduit l’Ifip à financer une thèse Cifre en collaboration avec l’Inra-UMR Pegase sur la période 2014-2017.

Objectif du travail de thèse

L’objectif principal durant cette thèse est la construction d’un modèle de fonctionnement complet de l’élevage porcin (naisseur-engraisseur) permettant de répondre à la question suivante :

Quels seraient les effets d’un changement de structure de l’atelier, et/ou de conduite d’élevage et/ou des caractéristiques biologiques des animaux sur les performances de durabilité de l’élevage ?

Ce travail se découpe en trois étapes :

  • la construction du modèle d’élevage avec en entrée les pratiques d’élevage, les caractéristiques des animaux et la structure des ateliers, et en sortie des indicateurs (techniques, économiques, environnementaux et organisationnels (temps et répartition du travail)).
  • l’analyse de comportement du modèle et analyse de sensibilité (Évaluation et validation du modèle).
  • les simulations de scénarios et l’analyse des résultats technico-économiques et des impacts environnementaux selon les combinaisons de conduite, structure et caractéristiques des animaux retenues.

Un modèle de fonctionnement d’un système d’élevage porcin

Schéma système d'élevage porcin

Schéma descriptif d’un système d’élevage porcin

Le modèle construit durant cette thèse sera composé de trois modules correspondant aux trois phases de l’élevage porcin : atelier naisseur, atelier post-sevrage, et atelier engraissement.
Ces modules pourront fonctionner indépendamment, pour une meilleur représentation des types d’élevage existants (ex : naisseur, post-sevreur/engraisseur, etc.).
La première année de travail sera centrée sur les ateliers post-sevrage et engraissement. Les modules construits intègreront les effets de la gestion des fins de bandes (modalités de départ à l’abattoir, mélange de bandes, etc.) et de l’alimentation en post-sevrage et engraissement sur les performances techniques, ainsi que le résultat économique et les impacts environnementaux qui en découlent.
Pour construire le modèle complet, on utilisera le modèle de fonctionnement d’un troupeau de truies développé par Gilles Martel en 2008, et les impacts environnementaux seront calculés par analyse du cycle de vie (ACV).

Alice Cadero travaille sur ce sujet de thèse depuis le mois d’octobre 2014, pour une durée de 3 ans. Elle est encadrée par Florence Garcia-Launay et Jean-Yves Dourmad dans l’équipe le porc dans les systèmes d’élevage de l’UMR Pegase et co-encadrée par Alexia Aubry de l’Ifip.

Contacts

Florence Garcia-Launay : florence.garcia-launay[at]rennes.inra.fr
Alexia Aubry : alexia.aubry[at]ifip.asso.fr
Alice Cadero : alice.cadero[at]rennes.inra.fr

Date de modification : 07 février 2023 | Date de création : 16 décembre 2014 | Rédaction : PEGASE